Half waitress, half dreamer

(mi-serveuse, mi-rêveuse)

Ce que j'aime dans le boulot de serveuse? Les histoires. Les gens que je vois passer tous les jours racontent tous une histoire, même quand ils ne disent rien.

Pourquoi ils sont là. Avec qui. Pourquoi ils fixent leur assiette au lieu de regarder dans les yeux la personne qui leur fait face. Ceux qui sont si heureux d'avoir enfin ce rendez-vous qu'ils laissent 20 £ de pourboire, dans une envie subite et généreuse de partager leur bonheur du jour. Ceux qui mangent sans se parler, absorbés par leur téléphone portable. Celles qui se resservent du vin dans un éclat de rire et celles qui s'excusent presque de regarder la carte des desserts. Ceux qui réservent une table pour 10 et une bouteille de Prosecco, mais qui, une fois sur place, n'arrivent pas à passer du bon temps ensemble. D'anciens amis, peut-être? Trop de temps écoulé sur leur amitié?

Ceux, celles qui sourient, qui pleurent. Qui mangent ou qui laissent leur assiette pleine. Ceux qui se disputent à mi-voix pendant des heures, et ne déclarent une trêve que pour faire bonne figure devant la serveuse et commander des cafés.

Tant d'histoires en un service. Roman choral un peu éclaté, sans fil conducteur, à part l'odeur des plats et le bruit des assiettes, le ronronnement des conversations et le tintement des couverts.

Demande en mariage devant un espresso machiato. Contrat d'affaire conclu au dessus d'une pizza Fiorentina. Deuil assommé au Montepulciano.. La vie.